Foutoir
Ah Albi ! Jolie petite ville ensoleillée où coule un Tarn
paisible et pollué. Ton imposante cathédrale Sainte-Cécile surplombe ton prestigieux musée Toulouse-Lautrec comme
pour rappeler aux artistes locaux qu’ils ne feront pas de
vieux os. Ta gastronomie subtile à base de cochonnailles
et de canards gras ravit le palais délicat des touristes
estivaux qui ne se doutent pas, entre deux gorgées
de vin, qu’Albi, le reste de l’année, tu es très calme,
il faut bien l’avouer. Par conséquent, comme les
distractions sont aussi rares dans tes contrées que
le travail salarié, les jeunes te désertent pour des cieux
plus cléments et abandonnent tes rues aux personnes âgées
qui, avides de tranquillité n’en demandaient pas tant. Tous les
jeunes me dirais-tu ? Non pas tous, car quelque part dans un
de tes quartiers pittoresques, un groupe d’irréductibles losers,
déterminés et pugnaces, résistent valeureusement au marasme envahissant. Et ce n’est pas chose aisée… Dans cette société où chacun se définit par rapport à ce qu’il gagne et ce qu’il bâtit, eux revendiquent le droit à perdre leur temps en dépensant
leur RMI comme bon leur semble, c’est-à-dire le plus souvent
en bière. Ces joyeux drilles ont élu domicile dans un troquet de ton centre ville, le Jour de Fête, où ils tentent encore et toujours de faire entendre leur révolte avec comme seul mot d’ordre : de l’action, encore de l’action, toujours de l’action !!! Parfois, même tard dans la nuit, ils n’hésitent pas à mettre l’ambiance 2000 ! Et c’est ainsi que pour cet ultime opus, Marco, Gégé et les
autres embarquent pour une dernière virée joyeusement foutraque où leurs élucubrations aussi diverses qu’alambiquées régaleront leurs lecteurs les plus acharnés. Alors Albi, même s’ils souillent parfois tes trottoirs, ne leur en veux pas trop. L’avenir appartient aux irréductibles de l’apéro.