Alëxone Company ↗,
Sans collection
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Novembre 2015

Alëxone

Paris, début des années 1990, les rues de la capitale s’ornent de motifs étranges et singuliers : les Œdiperies. Son auteur, le jeune Alëxone crache de la couleur, de l'écriture et des personnages uniques. On dit de lui qu’il est tagueur, ou graffeur selon la terminologie. Avec le temps, il développera sa technique sur d’autres supports que ceux proposés par l’espace urbain. De la rue, il gardera un état d’esprit et l’envie de toujours plus expérimenter.

Car Alëxone c’est avant tout un style immédiatement reconnaissable. Jeux de couleurs, de matières, personnages atypiques, jeux de mots, décalage... le jeune trentenaire oscille entre poésie urbaine et timide majesté. Ses personnages surréalistes sont mis en scène dans un monde coloré et déjanté où règne une folie douce. Pingouins auréolés, chevaux cracheurs de feu, et autres chiens aux yeux barrés composent un bestiaire loufoque et chaotique. Ses animaux sont de véritables éléments graphiques qui mutent et dont la signification varie d’une toile à une autre. Si l’on ausculte le talent d’Alëxone, on trouvera dans ses œuvres l’influence du graffiti, la culture pop, la bande dessinée ou encore l’art byzantin et l’illustration. Loin de l’hommage indocile, Alëxone convoque autant les icônes du quotidien que les grandes peintures, le tout avec humour et ironie. Ce second degré rare et précieux, permet à Alëxone de conserver une légèreté dans le travail le plus sérieux. L’univers détaillé d’Alëxone nécessite d’observer et d’examiner ses toiles pour les analyser. Cependant, il n’existe pas d’entrée spécifique, tout est permis, plusieurs lectures sont possibles. En plus de jouer avec la superposition, la transparence et les volumes, Alëxone s’amuse avec les supports et travaille aussi bien sur du tissu bourgeois que sur des photographies. Ce mélange des genres se retrouve dans ses collaborations. Elles font partie intégrante de son travail artistique. Être là où on ne l’attend pas... Alëxone surprend et innove au fil de ses rencontres.

On peut ainsi le retrouver dans le monde de la mode avec des t-shirts imprimés, des chaussons pour enfants ou encore s’improvisant chocolatier avec ses tablettes choco tigre et choco caniche. Avec Yomek il a donné naissance à trois sculptures en bronze, Michto, Bruno et Cornélius. Il a réalisé une petite collection de carnets avec la Compagnie du Kraft et a remarquablement collaboré avec le chef étoilé Christian Sinicropi du restaurant La Palme d'or à Cannes. Pour citer Oxmo Puccino, Alëxone est un « grand de ce monde », un personnage rare et précieux, et gageons que son univers déjanté saura faire craquer plus d’un vernis sage... 

Bibliographie 

Came à yeux, 2007, Kitchen 93 Alacrité, 2011 galerie Lefeuvre (Paris) // Catalogue d'exposition 

Cornellius, 2014, galerie Kolly (Zürich) // Catalogue d'exposition