Vuillemin
Vuillemin a débuté sa carrière de dessinateur en 1977 en travaillant pour des revues telles que L’Echo des Savanes, Hara-Kiri et Charlie Mensuel. Lié au professeur Choron, il
s’est rapidement imposé comme un de ses meilleurs héritiers spirituels. Parmi ses albums, on peut citer Saine Ardeur, Frisson de Bonheur, Hitler = SS, Raoul teigneux contre les druzes, etc. Dans le livre paru aux Requins Marteaux avec Lilian Bourgeat, Philippe Vuillemin revisite l’art promotionnel à travers une série de dessins corrosifs. Ces dessins inversent en quelque sorte le modus operandi du Pop Art. Alors que le Pop utilisait la BD comme modèle sans rien y ajouter (cf. Lichtenstein, Warhol et leur art du « No comment »), c’est ici la BD qui copie l’art (en
ne se privant pas d’y apporter son commentaire). On pourrait penser qu’à travers ses dessins, Vuillemin pratique une forme de critique d’art mais il faut bien insister sur le fait que sa critique n’a rien d’académique. S’il fait parler les œuvres, c’est en prenant bien soin de les faire entrer sur le terrain d’une narration dont elles n’ont plus le contrôle. Les moutons de Bourgeat en effet finissent rôtis sur un grill, ses manches à
air déclenchent une érection chez le protagoniste mâle moyen (que sait si bien croquer Philippe Vuillemin), et l’artiste finit en « suicidé de la société » au bout d’une corde. Vuillemin profite de l’occasion pour éreinter un certain monde de l’art (grevé par le snobisme). Il saisit au passage des idées clichés dans lesquels
a pu s’enfermer un certain art contemporain (cf. l’idée que pour être bonne, une bonne œuvre d’art doit poser des questions, par exemple ; idée que Vuillemin traduit par une toile sur laquelle est peinte un point d’interrogation). En 2009, il joue dans le film Choron dernière et y interprète son propre rôle.